Au cours de nos lectures,
au cours de nos errances,
nous avons glané et serré contre nous des phrases, des "pensées", des bribes de sens, des riens, presque.
Lettre au public
Mesdames et messieurs, cher public,
Chaque jour, dans ce lieu étrange - un théâtre - des hommes et des femmes s'assemblent autour d'un espace vide. Ils cherchent à y découvrir la vie
dans ce qu'elle a de plus intense. Peter Brook |
" Ainsi rien ne peut remplacer cette expérience fondatrice d’un petit d’homme qui monte sur une scène. Il lève la main. Fait un signe. Tous ses muscles se tendent et lui font mal. Toute son
intentionnalité passe dans un salut.
Il sort de la gesticulation et fait, enfin, un geste. Un vrai. Il ne vit plus dans un agrégat informe où les êtres se bousculent sans se regarder ; il entre dans un espace symbolique où
chacun peut occuper une place sans prendre toute la place… Expérience essentielle de la salle obscure qui permet de sortir des limbes de l’imaginaire médiatique du lunapark planétaire sous
vidéosurveillance permanente que constitue l’assomption du Loft. Expérience qui ne requiert aucun préalable, mais qui est toujours une occasion précieuse – infiniment précieuse – d’accéder à
l’humain en l’homme. D’accéder à une société où il fait bon apprendre. Où l’on ne fait pas pousser les fleurs en tirant sur les tiges. Mais où l’on tente de donner à chacun le courage de grandir.
Où chacun a droit à ce que les hommes ont réalisé de plus abouti pour dire leur « humaine condition ».
Arts et artistes à l’École
Théâtre du Rond Point - Mercredi 15 décembre 2004
Intervention de Philippe Meirieu
"En tant qu'assemblée régie par ce pacte, le théâtre n'est pas tant mise en scène d'un spectacle que mise en oeuvre d'une quête, voire d'une enquête, collective. Il s'impose comme dispositif singulier, lieu d'un regard différent, clinique, dissecteur, produit par la distance même que ce mode archaïque de représentation met entre le réel et l'assistance. "Le théâtre, écrit Jean-Pierre Sarrazac, est un lieu déterritorialisé, un peu utopique où l'on peut voir ce qui dans la vie passe inaperçu, où l'on peut voir le spectre de la vie plutôt que la vie elle-même, où l'on peut voir, grace à l'accentuation, à la dilatation, à la formalisation qu'apporte un rituel, à la fois la vie et son spectre. Une sorte de dévoilement initiatique ? De ralentissement du cours de la vie en tout cas. Comme si on avait accès, par le théâtre, à une autre perception des choses." Le comédien serait donc le passeur de cette autre perception, tout au moins celle-ci passerait par lui. Plus que d'incarner, donner corps, il s'agirait donc de donner voix, voie, et à voir. L'acteur de la représentation est conducteur (comme on le dit du fil de cuivre en électricité). Mouvement d'électrons (d'affects, de sens, etc) et connecté — mis sous tension."
CETTE INCOMPRÉHENSIBLE DISTRACTION DE SOI D'AVEC SOI
dix notes vagabondes sur l'abnégation de l'acteur
Enzo Cormann
Leçon inaugurale prononcée par Olivier Py
le 4 décembre 2009 au TNP de Villeurbanne à l'occasion du séminaire national
« ENSEIGNER LE THEATRE AU COLLEGE ET AU LYCEE AUJOURD’HUI »
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