LEXIQUE DU THÉÂTRE
[Ce lexique a été élaboré à partir du lexique mis en ligne par M. Bourassa, au Canada)
Acte
Division externe de la pièce en parties d'importance sensiblement égale, en fonction du déroulement de l'action.
Agon
Dialogue et conflit des ennemis qui forment le cœur de la pièce..
Alexandrin
Vers français de douze syllabes.
Antagoniste
Personnage en opposition ou en conflit.
Antihéros
Personnage principal ne correspondant pas aux caractéristiques ou aux valeurs du héros traditionnel
Aparté
Mot ou parole que l'acteur dit à part soi (et que le spectateur seul est censé entendre).
Archétype
Ensemble de dispositions acquises et universelles de l'imaginaire humain. Réseau de mythes ayant leur origine dans une vision collective.
Argument
Résumé de l'histoire que la pièce met en scène.. On parle également d'un argument de ballet.
Attente
Attitude d'expectative du public, reposant surtout, par anticipation, sur la conclusion et la résolution finale des conflits. L'horizon d'attente est l'ensemble des expectatives.
Avant-scène
Partie de la scène comprise entre la rampe et le cadre de scène.
Baroque
Se dit d'un style caractérisé par la liberté des formes et la profusion des ornements.
Bienséance
Conformité aux conventions littéraires, artistiques et morales d'une époque ou d'un public. Une des règles du classicisme : les mœurs du héros doivent être acceptables et les faits historiques vraisemblables ; la réalité ne doit pas paraître sous des aspects vulgaires ou quotidiens ; la sexualité, la violence et la mort sont refoulées hors scène
Bunraku
Théâtre millénaire des marionnettes d'Osaka, où un récitant, son livret posé devant lui, prend plusieurs voix, passant du parlé au chanté selon émotions et situations. Les manipulateurs recourent à une gestuelle furi, mimant le quotidien, ou à une gestuelle kata, stylisée et symbolique.
Burlesque
Forme de comique outré, employant des expressions triviales pour travestir des personnages et des situations héroïques. La comédie burlesque du XXe s. s'en prend surtout, sur des canevas grotesques et parfois grivois, aux croyances et aux institutions.
Canevas
Résumé ou scénario d'une pièce pour les improvisations des acteurs, en particulier ceux de la Commedia dell'arte.
Caractère
Trait propre à une personne qui permet de la distinguer des autres. Ensemble des traits physiques, psychologiques et moraux d'un personnage. Personne ou personnage considéré dans son individualité, son originalité, ses qualités morales. Les caractères constituent, selon Aristote, un des six éléments de la tragédie, avec le chant, l'élocution, la fable, la pensée et le spectacle..
Carnavalisation
Transformation spectaculaire d'un événement par le renversement total des situations habituelles (ex. : costumes et masques de luxe pour une fête populaire, personnage comique pour un rôle sérieux).
Casting
Attribution des rôles - avec ou sans consultation d'agences spécialisées - d'après l'âge, la morphologie, la voix, la célébrité. Robert 1991. Voir distribution, dramatis personae et emploi.
Catastrophe
Dans la tragédie grecque, dernière des quatre parties de l'œuvre, où le héros reçoit sa punition, généralement funeste. Correspond au dénouement, dans la tragédie classique. Pavis 1987, p. 66.
Catharsis
Effet de purgation des passions produit sur les spectateurs d'une représentation dramatique non distanciée. Robert 1991.
Chant
Dans le théâtre grec, terme pour désigner le texte (poétique) de la choreia. (voir ce mot). Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, l'élocution, la fable, la pensée et le spectacle. Dans le théâtre épique brechtien, on parle plutôt de songs.
Choreia
Dans le théâtre grec, intervention du chœur, faite de danse, de musique et de poésie. Cette dernière est la seule partie conservée de façon intégrale, mais les deux autres sont évoquées dans certaines indications scéniques ou partiellement connues grâce à des illustrations, pour l'une, et à des sonorités linguistiques, pour l'autre. Bourassa 1968, p. 48-52.
Chorégraphie
Terme, issu du théâtre grec où il désignait l'art de diriger les chœurs, utilisé depuis le début du XVIIIe s. pour désigner l'art de composer des danses et d'en régler les figures et les pas. Aujourd'hui employé pour désigner la mise en scène du théâtre gestuel.
Chœur
Groupe - ou groupes alternés - chargés d'intervenir collectivement, par le chant, la danse et le récitatif, dans le cadre d'un rituel ou d'un spectacle. Dans le théâtre grec, l'intervention des choreutes, dirigée par un coryphée, est dite choreia. Du chœur grec, et plus tard du chœur médiéval, se sont détachés les interprètes des rôles individualisés qui caractérisent le théâtre occidental.
Comédie
Action scénique qui provoque le rire par la situation des personnages ou par la description des mœurs et des caractères, et dont le dénouement est heureux.
Commedia dell'Arte
Genre de comédie dans laquelle, le scénario - ou canevas - étant seul réglé, les acteurs improvisaient. Voir arlequinade et pantalonnade.
Connotation
Ensemble des valeurs subjectives variables d'un mot.
Console
Appareil programmé comportant les claviers, registres et moniteurs de la régie d'éclairage ou de son.
Contexte
Ensemble des circonstances qui entourent l'émission du texte linguistique et/ou de sa représentation, circonstances qui en facilitent ou permettent la compréhension.
Convention théâtrale
Ensemble des présupposés idéologiques et esthétiques, explicites ou pas, qui permettent au public de recevoir correctement la pièce; entente selon laquelle cette dernière correspond à des normes connues et acceptées.
Coryphée
Chef de chœur, dans le théâtre grec.
Coulisse
Glissière permettant le déplacement des panneaux décoratifs qui sont généralement distribués en paire de chaque côté de l'espace de jeu, et qui ont pour double fonction de dissimuler les dégagements latéraux et d'accentuer l'effet de perspective créé par le cyclorama. Par métonymie: dégagement dissimulé derrière les panneaux. Robert 1991.
Cour
Côté droit de la scène, vue prise de la salle.
Cyclorama
Toile peinte disposée sur un rouleau, et qu'on tire à la verticale pour créer un fond de scène, ou qu'on déroule à l'horizontale, en un mouvement continu, pour simuler un déplacement latéral. Le théâtre classique oblige trois types de fonds de scène : une terrasse de château pour la tragédie, une place publique pour la comédie, et un paysage de campagne pour la pastorale. Fam. : cyclo.
Décor
Arrangement de la scène en vue de donner aux spectateurs un référent spatial. On a aujourd'hui tendance à restreindre ce mot pour désigner un aménagement constitué de panneaux peints et de quelques objets, et à recourir à scénographie pour désigner le décor construit.
Dégagement
Espace disponible, en dehors de l'aire de jeu, pour les entrées et sorties de personnages et les changements de décor et d'accessoires. Certaines scènes, conçues pour le cinéma, offrent peu ou pas de dégagements pour le théâtre..
Deus ex machina
Personnage - ou événement - dont l'occurence opportune ou l'intervention conclusive, aidée parfois de la machinerie scénique, permet à l'auteur de couper court au développement d'un scénario, de façon à éviter la catastrophe (ex. : apparition du Commandeur dans Dom Juan).
Dialogue
Entretien entre deux personnes. Ensemble des paroles qu'échangent les personnages d'une pièce de théâtre. Robert 1991.
Didascalie
Instruction du didascale à ses interprètes. Ne se dit plus que des indications scéniques données hors texte, séparément des répliques. Voir indication scénique.
Diégèse
Imitation d'un événement en paroles, en racontant l'histoire sans représenter ses personnages..
Distanciation
Effet d'étrangeté par lequel l'acteur ou le metteur en scène tente d'éviter l'identification à un personnage ou à une situation en particulier. Effet obtenu par divers procédés de recul, comme l'adresse au spectateur, la fable épique, la mise à jour du gestus social, les songs, la technique à vue.
Distribution
Répartition des rôles. Se dit du tableau où sont présentés les personnages et leurs interprètes.
Dithyrambe
Cantique lyrique à la gloire de Dionysos dont serait née la tragédie.
Dramatis personae
Personnages ou protagonistes dont les noms figurent au générique d'une pièce. Voir casting et distribution.
Dramaturgie
Art de la composition des pièces de théâtre. Technique ou poétique de l'art dramatique qui cherche à établir les principes de construction de l'œuvre.
Dramaturgiste
Spécialiste de la dramaturgie (allemand et anglais dramaturg). Intervenant auprès d'une compagnie théâtrale ou d'un metteur en scène, chargé de diverses questions relatives au texte (répertoire, adaptation, rédaction, traduction, documentation...). On dit généralement dramaturge ou conseiller dramaturgique.
Drame
Action scénique représentée par des personnages.
Effet de réel
Effet qui intervient lorsque le spectateur a le sentiment d'assister à l'événement représenté, d'être transporté dans la réalité symbolisée et d'être confronté à un événement aussi vrai que nature. En opposition à l'effet d'étrangeté.
Effet d'étrangeté
Effet qui survient quand l'objet montré est critiqué, déconstruit, mis à distance. Cet effet, en opposition à l'effet de réel, a pour conséquence de souligner la théâtralité..
Énonciation
Mise en fonctionnement de la langue dans un acte individuel d'utilisation, dont le produit est l'énoncé. Ce n'est pas le seul utilisateur, mais l'interaction qui est première (le monologue apparaît ainsi comme une variété du dialogue
Épilogue
Discours récapitulatif à la fin d'une pièce..
Épique
Se dit d'une fable dont le topos, tiré de la vie des hommes, est agrandi et traité de façon telle, notamment par des ajustements idéologiques, qu'il soit presque impossible pour le spectateur de s'identifier au héros ou à la situation. Opposé de tranche de vie
Épisode
Chez les Grecs, partie composée de tirades ou de stichomythies et située - outre le prologue et l'exode - entre les interventions chantées et dansées du chœur.
Espace dramatique
Construction imaginaire, par le lecteur et même le spectateur, de la structure spatiale du drame.
Espace scénique
Espace proposé sur scène par le scénographe et ses collaborateurs.
Exode
Chant choral de sortie.
Exposition
Informations fournies dès les premières scènes pour permettre que la situation soit évaluée et l'action comprise.
Fable
Suite de faits qui constituent l'élément narratif d'une œuvre, agencement en système des faits racontés, logique des actions et syntaxe des personnages. Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, le chant, l'élocution, la pensée et le spectacle.
Farce
Comédie triviale souvent caractérisée par une tromperie, et se terminant tout aussi souvent par une bastonnade.
Fatalité
Force surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive (surtout ce qui est désagréable), est perçu comme déterminé d'avance d'une manière inévitable. La fatalité est un moteur de la tragédie grecque..
Féerie
Spectacle où apparaissent des personnages surnaturels (dieux et démons, fées et enchanteurs...), exigeant d'ordinaire des effets scéniques considérables.
Feux de la rampe
Appareils (bougeoirs, lampes, projecteurs...) éclairant la scène de bas en haut, à partir de la rampe. Voir ce mot.
Fiction
Forme de discours qui fait référence à un univers connu, mais à travers des personnes et à des événements imaginaires.
Fonction
Ensemble des actions d'un personnage - voire d'un objet - considéré du point de vue de son rôle dans le déroulement de l'intrigue..
Fresnelle
Projecteur dont le pouvoir éclairant est augmenté par une lentille à échelons gradués. Robert II 1981, Fresnel. Voir projecteur.
Gestuelle
Ensemble et mode des mouvements d'un acteur ou d'un spectacle.
Grotesque
Comique caricatural, de type bizarre, burlesque ou fantastique, parfois absurde ou irréel. Terme ayant d'abord servi à caractériser les décorations de caveaux - ou grottes - étrusques découverts durant la Renaissance. Robert 1991;
Happening
Spectacle qui exige la participation ou prévoit une réaction du public, et qui cherche à provoquer une création artistique spontanée, éventuellement collective.
Hémistiche
Moitié d'un vers, marquée par un repos ou césure..
Héros
Type de personnage doué de pouvoirs hors du commun et pouvant se dresser pour ou contre la Cité;
Herse
Galerie lumineuse, généralement mobile, suspendue au-dessus de la scène, et permettant d'éclairer de haut en bas.
Hors-scène
Espace où se déroulent ou sont censés se dérouler des événements qui sont en dehors du champ de perception du public. Il peut s'agir des coulisses d'où proviennent des effets spéciaux, d'une autre aire de jeu d'où l'action est retransmise de façon médiatique, ou d'un espace purement imaginaire.
Identification
Travail de l'acteur et du spectateur pour adopter les attitudes et les sentiments d'un personnage dans un contexte théâtral donné.
Idiolecte
Utilisation personnelle d'une langue par une seule personne.
Illusion
Phénomène qui fait qu'on semble prendre pour réel et vrai, selon la convention d'un spectacle, ce qui n'est que fiction.
Indication scénique
Instruction d'interprétation ou de production fournie par une didascalie ou un indice.
Intrigue
Ensemble des événements qui constituent le déroulement de la pièce. Suite de rebondissements, entrelacement de conflits ou d'obstacles, et moyens mis en œuvre pour les surmonter.
Ironie
Énoncé ou situation qui, au-delà de son sens manifeste, en cache un autre, différent et parfois opposé.
Jardin
Côté gauche de la scène, vue prise de la salle.
Jeu
Action libre, sentie comme fictive, située hors de la vie courante, accomplie selon des règles données, dans un temps et un espace expressément circonscrits. Au théâtre, le terme désigne aussi bien une forme médiévale de représentation et une démarche particulière dans l'enseignement des arts de la scène (jeu dramatique), que les modalités d'interprétation d'un acteur (jeu réaliste, jeu distancié, etc.).
Kabuki
Forme traditionnelle du théâtre japonais, exclusivement masculine, caractérisée par la violence des intrigues et la somptuosité des costumes et des maquillages. La gestuelle, qui exprime le plus souvent les sentiments humains par la danse, l'emporte généralement sur le texte inaudible d'histoires déjà bien connues.
Kyôgen
Intermède comique entre deux pièces de nô. Ë l'opposé de ce dernier, le kyôgen est centré sur le dialogue et le geste du quotidien.
Lazzi
Élément mimique ou improvisé par l'acteur servant à caractériser comiquement le personnage.
Leitmotiv
Motif artistique ou littéraire récurrent, servant à annoncer un thème ou à signaler une répétition formelle (retour d'un mouvement, d'un énoncé, voire d'une assonance)..
Lumière noire
Rayonnement ultraviolet invisible, employé comme effet spécial pour provoquer dans l'obscurité la fluorescence de certains corps, notamment les étoffes blanches.
Manteau d'Arlequin
Partie de la scène qui commence au rideau et se termine au premier plan des coulisses; autrefois décorée en forme de draperie de couleur rouge. Arlequin, à la Comédie-Italienne, faisait son entrée par cette fausse coulisse, où se trouvaient les loges de la direction et des acteurs. Drapé décorant le cadre de scène.
Marivaudage
Jeu galant avec les mots qui est à la fois le symptôme du désir et de l'hésitation à se compromettre du personnage marivaldien.
Mélodrame
Drame populaire, souvent accompagné d'une mélodie, caractérisé par l'invraisemblance de l'intrigue et des situations, la multiplicité des épisodes violents, l'outrance des caractères et du ton. Robert 1991.
Mime
Au sens premier, imitation directe d'une action, racontant une histoire par gestes. Le mime d'aujourd'hui se distingue de la pantomime en ce qu'il tend davantage, comme la danse, à se libérer d'une trop grande figuration, d'une trop grande référentialité, pour mettre l'accent sur la création de formes nouvelles, parfois abstraites..
Mimésis
Imitation ou représentation d'une chose.
Mimodrame
Action dramatique représentée en pantomime ou langage corporel..
Mise en abyme (ou abîme)
Insertion, au centre d'un blason, d'un motif représentant souvent un autre blason. Par extension : autoréflexivité, insertion d'une œuvre dans une œuvre (d'une pièce dans une pièce.
Mise en scène
Ensemble des moyens d'interprétation scénique (scénographie, musique, jeu...); activité qui consiste à agencer ces moyens. Articulation entre le travail d'un maître d'œuvre et celui de chacun des artistes qui concourent à l'œuvre; transposition - et non traduction - d'une écriture dramatique en écriture scénique.
Modalité
Marque de l'attitude du locuteur en face de ses énoncés (ex. : adhésion, distance)..
Monodrame
Drame dont les personnages sont présentés du point de vue d'un seul
Monologue
Scène parlée, à un personnage; discours apparemment adressé à soi-même, ou à un auditoire dont on n'attend pas de réponse. Dans l'analyse du discours théâtral, il est considéré comme une une variété du dialogue.
Montage
Se dit d'un collage de textes et, parfois, de la mise en scène.
Motif
Image visuelle ou sonore, modulée ou répétée, faisant partie d'un thème. Unité indécomposable de l'intrigue, qui constitue une unité autonome de l'action
Mystère
Action scénique d'ordre religieux - égyptienne, grecque, médiévale - et principalement rattachée à la vie des dieux sur terre.
Narration
Manière dont les faits sont relatés par un système, linguistique ou théâtral (en ce cas par une succession de gestes ou d'images scéniques).
Naturalisme
Représentation réaliste de la nature et du naturel.
Nô
Drame lyrique (mimé, chanté et dansé, avec chœurs et instruments), exécuté au théâtre, avec costumes et masques, sans décor. Comprend des sections de prose (kotoba) et de poésie (utai). S'inspire généralement de légendes et contes anciens du Japon, où ses acteurs sont le shité et le waki, le second étant une sorte de double ou de faire-valoir du premier.
Noeud
Ensemble des motifs qui dérangent l'immobilité de la situation initiale et qui entament l'action. Point culminant entre les péripéties de nouement et de dénouement;
Non-dit
Ce qui est chargé de sens mais non formulé de façon explicite..
Objet
Accessoire pouvant tenir lieu de tout décor ou même remplir une fonction actantielle. Une pièce québécoise publiée en 1924, La Lettre, féerie triste en un acte, d'Antonio Desjardins, est conçue pour un théâtre d'objets.
Opéra
Drame lyrique, entièrement chanté, exécuté au théâtre avec décors et costumes.
Opérette
Comédie lyrique, formée de chants et de dialogues ou pantomimes alternés, exécutée au théâtre avec décors et costumes.
Oratorio
Drame lyrique exécuté en concert sans décors ni costumes.
Pantalonnade
Farce burlesque centrée sur le personnage de Pantalon, vieillard jaloux et dupé. On a présenté la pantalonnade Le Vieillard dupé en Nouvelle-France (Fort Niagara) en 1757.
Pantomime
Spectacle composé des seuls gestes du comédien. Se distingue du mime en ce qu'elle vise plus souvent à amuser et qu'elle tient lieu de récit, avec force gestes, figuratifs et même réalistes, remplaçant une série de phrases.
Parabase
Désigne, dans le théâtre grec, une avancée du chœur vers le public en vue de permettre au coryphée de lui transmette les opinions et les recommandations de l'auteur..
Parade
Forme d'intervention théâtrale qui se fait à la porte des salles de spectacle ou en se dirigeant vers elles, pour attirer le public
Parodie
Pièce ou fragment de pièce du genre burlesque où l'on travestit une ou des pièces nobles (ex. : Les Grenouilles d'Aristophane).
Partition
Relevé synchronique de tous les arts scéniques, de tous les codes ou tous les systèmes signifiants.
Pathétique
Mode de réception du spectacle provoquant la compassion.
Pathos
Émotion ou passion, amplifiée ou simulée, susceptible, par des techniques propres au théâtre, de susciter ou manipuler dans le public des sentiments naturels de pitié ou de terreur, en vue de provoquer la catharsis. Larousse 1995;
Pensée
Ce qui dans le discours théâtral, selon Aristote, doit être produit par le langage et relève de la rhétorique, comme démontrer, réfuter, produire des émotions (telles que la pitié, la crainte, la colère, etc.). La pensée constituerait, avec les caractères, le chant, l'élocution, la fable et le spectacle, un des six éléments de la tragédie. Ce concept aristotélicien renverse une des théories platoniciennes de l'art. Voir enthousiasme et inspiration.
Performance
Expression artistique consistant à produire des gestes, des actes, un événement dont le déroulement temporel constitue l'œuvre. Larousse 1995; Pavis 1987, p. 278.
Péripéties
Changement subit de situation dans une action dramatique ou scénique. Il y a des péripéties de nouement et de dénouement. Robert 1991.
Pièce-bien-faite
Pièce brillante par la virtuosité de l'intrigue et l'agencement parfaitement logique de l'action.
Pluridisciplinaire
Juxtaposition de disciplines plus ou moins voisines dans des domaines de la connaissance (ex. : français + latin + grec).
Polyphonie
Combinaison de plusieurs voix, de plusieurs éléments signifiants dans une action dramatique ou scénique.
Poursuite
Phare mobile destiné à projeter la lumière sur un personnage ou sur un objet en mouvement. Voir projecteur.
Pragmatique
Étude de la parole en ce qu'elle vise à agir sur les intervenants.
Praticable
Plate-forme généralement amovible, utilisée sur scène pour former des tréteaux, ou dans un espace vide pour monter une scène ou un estrade. Larousse 1995.
Praxis
Action des personnages, action qui se manifeste dans la chaîne des événements ou fable.
Projecteur
Phare dont les rayons sont réfléchis et projetés en faisceaux parallèles. Voir fresnelle , poursuite , réflecteur et spot.
Prologue
Partie de la pièce qui, chez les Grecs, précède l'entrée du chœur. Robert 1991.
Proscenium
Partie de la scène comprise entre la rampe et le cadre de scène.
Psychodrame
Technique d'investigation psychologique qui cherche à analyser les conflits intérieurs en faisant jouer un scénario improvisé à partir de quelques consignes. Pavis 1987.
Public
Terme désignant tantôt la clientèle d'un théâtre, voire d'un acteur, tantôt les occupants d'une salle. Le public peut faire l'objet d'une opération de marketing ou d'une étude de réception et de consommation de ce bien culturel qu'est le spectacle. Robert 1991.
Quatrième mur
Dans le théâtre naturaliste : mur imaginaire séparant la scène de la salle. Pavis 1987, p. 209. Voir tranche de vie.
Quiproquo
Situation de méprise qui fait prendre un personnage - ou une chose - pour un autre.
Rampe
Galerie lumineuse qui borde la scène ou, le cas échéant, l'avant-scène, du côté de la salle.
Réalisme
Conception de l'art et de la littérature, selon laquelle on ne doit pas chercher à idéaliser le réel ou à en donner une image épurée. Robert 1991.
Réception
Attitude et activité du spectateur confronté au spectacle. Se dit également d'une séance d'accueil, faite de discours et de pièces de circonstance; la première écrite et offerte en Nouvelle-France, à Port-Royal, date de 1606, et la première au Québec de 1648. Pavis 1987; Robert 1991; Benson et Conolly, p. 299-300.
Récit
Fable (voir ce mot). Discours d'un personnage narrant un événement qui s'est produit hors scène (ex. : récit de Théramène, dans Phèdre, de Jean Racine). Pavis 1987, p. 325-326; Ubersfeld 1996, p. 70. Voir tirade.
Récitatif
Dans l'opéra ou la cantate, partie déclamée - et non chantée - dont le rythme et la métrique diffère du chant ou de la musique qui le précède ou le suit. Pavis 1987, p. 326-327.
Reconnaissance
Identification soudaine d'un personnage, grâce à un témoin ou à un souvenir; elle peut-être tragique (ex. : Oedipe Roi, de Sophocle), comique (L'École des femmes, de Molière), aussi bien que dramatique (ex. : Lucrèce Borgia, de Victor Hugo).
Réflecteur
Élément d'un projecteur; dispositif destiné à réfléchir la lumière au moyen de miroirs, de surfaces luisantes ou prismatiques. Se dit, par extension, du projecteur lui-même..
Régie
Organisation matérielle du spectacle selon un cahier de charge, ce à quoi on réduisait autrefois la mise en scène (mise en place). Emplacement où se trouvent les consoles d'éclairage et de son.
Répertoire
Ensemble des pièces jouées par un même théâtre (angl. : stock); ensemble des pièces d'un même style ou d'une même époque; ensemble des rôles qu'un acteur a interprétés ou qui sont dans son registre (angl. : study).
Réplique
Réponse à un discours; riposte; texte dit par un personnage au cours d'un dialogue.
Rime
Disposition identique, à la finale, de mots placés à la fin de deux unités rythmiques. Les rimes sont dites féminines ou masculines, selon qu'elles sont terminées par e muet ou ne le sont pas. Elles peuvent être plates, croisées ou embrassées; pauvres si elles sont réduites à une sonorité vocalique finale (ex. : ami - pari), ou riches si elles comprennent au moins une voyelle et sa consonne d'appui (ex. : image - hommage). Elles sont intérieures si elles sont placées à l'hémistiche. Robert 1991.
Satire
Écrit, discours qui s'attaque à quelque chose, à quelqu'un, en s'en moquant. Robert 1991.
Saynète
Petite comédie bouffonne, à mi-chemin entre l'opérette et la chanson comique; genre tiré du théâtre espagnol.
Scène
Terme désignant l'espace de jeu et ses dégagements, par rapport à la salle où se tient le public. Partie, division d'un acte où il n'est prévu aucun changement de personnages. Voir acte et tableau.
Scénographie
Art de l'organisation de l'espace théâtral. Ensemble des éléments (toiles peintes, praticables, mobilier...) qui déterminent cet espace. Larousse 1995, à décor et scénographie. Voir décor.
Situation d'énonciation
Lieu et circonstances de production d'un acte d'énonciation, tant dans la lecture du texte dramatique que dans la mise en scène.
Situation dramatique
Ensemble des données textuelles et scéniques dont la connaissance est indispensable à la compréhension du texte et de l'action.
Sociodrame
Technique inspirée de la création collective théâtrale et employée en thérapie de groupe. Robert 1991.
Sociolecte
Langue propre à un groupe donné (ex. : joual).
Soliloque
Discours d'une personne qui se parle à elle-même; monologue intérieur. Discours d'une personne qui, en compagnie, est seule à parler ou semble ne parler que pour elle. Robert 1991.
Song
Intervention chorale, dans le théâtre brechtien. Voir chant.
Sous-littérature
Écrits qui sont signes (c'est-à-dire transitifs) plus que textes, et situés à l'intérieur de l'idéologie plutôt que contre.
Sous-texte
Ce qui n'est pas dit explicitement dans le texte dramatique, mais ressort de la façon dont le texte est interprété par le comédien.
Spectacle
Ce qui s'offre au regard (performance aussi bien que représentation). Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, le chant, l'élocution, la fable et la pensée.
Spectateur
Voir public , deuxième acception.
Spot
Petit projecteur, à faisceau lumineux étroit, destiné à éclairer un acteur ou une partie du décor. Voir projecteur.
Stichomythie
Dialogue de tragédie où les interlocuteurs se répondent vers pour vers. Robert 1991.
Stylistique
Étude des effets de style qui marquent une pièce dans sa réalité théâtrale, effets qui relèvent d'une poétique de l'écriture scénique et dramatique.
Sublime
Catégorie esthétique qui désigne un sentiment faisant sortir celui qui l'éprouve des limites habituelles de sa perception du beau, pour le conduire vers la grandeur ou l'horreur.
Suspense
Moment ou passage de nature à faire naître un sentiment d'attente angoissée; caractère de ce qui est susceptible de provoquer ce sentiment. Voir attente.
Symbolisme
Mouvement artistique et littéraire qui, en réaction contre le naturalisme, s'efforça de fonder l'art sur une vision spirituelle du monde, traduite par des moyens d'expression métaphoriques.
Tableau
Division d'un texte dramatique ou scénique, fondée sur un changement d'espace ou d'espace-temps. Constitue une alternative à l'acte ou à la scène (voir ces mots). Bertolt Brecht a revalorisé ce type de découpage (ex : Mère Courage, en 12 tableaux).
Tableau vivant
Technique de production où les acteurs, immobilisés dans une pose expressive, ont des attitudes de personnages de peinture ou de photo (ex. : arrêt sur la Mona Lisa, dans Vinci, de Lepage). En vogue dans le drame et le mélodrame, pour les épisodes qu'on ne pouvait jouer (scènes de champ de bataille), pour fixer des images saisissantes (reconnaissances, surprises de coupables), ou pour contourner l'interdiction de jouer certaines scènes sacrées (dernière Cène, mort du Christ). Diderot a favorisé des tableaux animés et muets.
Texte-à-dire
Texte dramatique, sans les indications scéniques.
Texte dramatique
Écrit où la théâtralité est explicitement inscrite.
Texte scénique
Produit de la mise en scène, qu'elle ait été produite ou non à partir d'un texte dramatique.
Théâtralité
Caractère de ce qui est théâtral; ce en quoi une écriture, un espace ou un événement se définissent comme configuration d'éléments stylistiques et de valeurs différentielles (costumes, personnages, objets, etc.), réglés, implicitement ou explicitement, par les lois du système théâtral. On peut parler de la théâtralité d'un costume judiciaire, d'un lieu sacré, d'un masque primitif...
Théâtre total
Action scénique ouverte à tous les arts (ex. : Le Livre de Christophe-Colomb, de Paul Claudel.
Théâtrologie
Étude du théâtre dans toutes ses manifestations et sans exclusive méthodologique.
Thème
Sujet, idée, proposition qu'on développe dans une œuvre. Le thème se détaille en motifs. Robert 1991.
Thèse (théâtre à)
Pièce qui illustre une proposition ou théorie particulière que l'auteur propose au public (ex. : existentialisme).
Tirade
Longue suite de phrases récitées sans interruption par un personnage (ex. : tirade du nez, dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand).
Topos
Proposition générale ayant statut de lieu commun.
Tragédie
Action scénique dont les péripéties sont mues par la fatalité et dont le dénouement est généralement funeste. La première présentée en Nouvelle-France fut Héraclius de Pierre Corneille, en 1651, du vivant de l'auteur.
Tragi-comédie
Tragédie dont l'action est romanesque et le dénouement heureux; la plus célèbre, Le Cid de Corneille, en 1645.
Trame dramatique
Intrigue, entrelacement des péripéties dont le système peut être mis à jour par l'élaboration d'un modèle actantiel.
Tranche de vie
Objectif du théâtre réaliste, selon lequel une pièce doit être jouée comme un événement quotidien, sans distanciation, sans stylisation. Voir quatrième mur.
Unité d'action
Caractère d'une pièce dont la matière narrative s'organise autour d'une fable principale à laquelle les intrigues annexes sont logiquement rattachées. Les romantiques ont maintenu la nécessité classique de l'unité d'action.
Unité de lieu
Caractère d'une pièce qui, suite à une mise en question des mansions présentées en parallèle sur les praticables médiévaux, se déroule dans un seul espace scénique. Les romantiques ont mis en question cette règle de la Renaissance, mais elle est quand même souvent respectée
Unité de temps
Caractère d'une pièce dont l'action dramatique se déroule sur une durée ne dépassant pas celle de la représentation, ou celle d'une révolution du soleil. Les romantiques ont également mis en question la nécessité classique de l'unité de temps, mais elle est, elle aussi, souvent respectée
Vaudeville
Comédie de chansons, acrobaties, danses et monologues, dont on fait remonter l'histoire à un recueil de chants populaires, les Vaux-de-Vire de Jean Le Houx (1576). Souvent chargé d'incidents burlesques, de quiproquos, de reconnaissances, etc.
Virtuel
Se dit d'une image dont les points se trouvent sur le prolongement des rayons lumineux (1858), de la simulation d'un espace réel par des images de synthèse, d'une création qui n'a d'autre réalité que sur écran cathodique..
Vraisemblance
Caractère par lequel les actions, les personnages et les lieux représentés sont perçus par le public comme une imitation de la réalité et non comme une réalité vraie ou surnaturelle. Degré d'atteinte de cette imitation.
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